The Handmaid's Tale

Adaptée du roman La servante écarlate (1985) de Margaret Atwood, la série dystopique The Handmaid's Tale a été saluée par la critique lors de sa sortie, et a récolté pas moins de 8 Emmy Awards sur 13 nominations. Cette série m'a bouleversé dans le sens où elle m'a donné à réfléchir sur la société, notre condition d'homme/citoyen avec nos droits, nos libertés mais aussi nos devoirs. 


Dans un futur proche, trop proche, le taux de natalité est devenu presque nul. Pour y remédier, un nouveau gouvernement s'est mis en place, la République de Gilead. Les femmes sont divisées en quatre catégories : 
- les Épouses mariées aux hommes gouvernant Gilead
- les Marthas, stériles, domestiques au service des foyers
- les Tantes s'occupent d'éduquer les Servantes, de les garder dans le droit chemin
- les Servantes, une par foyer, au service des époux dans l'unique but de procréer

La série se concentre sur le destin d'OfFred, jouée par Elisabeth Moss, servante pour les Waterford, l'un des couples les plus importants de Gilead. On la suit dans cette soumission totale, privée de toute liberté, sa voix-off martelant les images dores et déjà difficiles à regarder par l'injustice qui y règne.

The Handmaid's Tale est une peinture où toutes les femmes sont représentées, sous toutes les coutures, esquissant leur côté le plus sombre jusqu'au plus doux.

"N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devez rester vigilantes votre vie durant." Simone de Beauvoir

The Handmaid's Tale alterne entre le présent d'OfFred et sa vie passée, permettant au spectateur de comprendre comment le monde en est arrivé là. La cohérence et le réalisme des étapes jusqu'à la privation totale des droits et des libertés rend ceci d'autant plus glaçant, terrifiant.
Il n'y a pas si longtemps dans notre pays, voir travailler les femmes étaient un affront, ne parlons même pas d'exercer les métiers à hautes responsabilités. Dans d'autres coins du monde, certaines cultures relayent la femme au statut maternel, ne servant qu'à procréer et s'occuper des enfants, l'éducation et le savoir étant inutiles pour elles.  Aujourd'hui, il est souvent mal vu qu'une femme ne souhaite pas avoir d'enfant, que ce soit pour se consacrer à sa carrière ou tout simplement parce qu'elle n'en a pas envie. Être mère de famille est un critère d'embauche, l'envie d'en fonder une aussi. Le pouvoir de donner la vie est ancré dans la considération de la femme, la rendant plus faible dans notre société.



La série appelle à une réflexion sur la condition humaine, notre mode de gouvernement, nos libertés les plus basiques. Sommes-nous réellement libres puisque nous obéissons aux lois ? Même dans la soumission la plus totale, ces Servantes se réconfortent, s'entraident. OfFred survie, ne résiste pas et endure les humiliations dans l'espoir de retrouver sa fille qui lui a été enlevée. Pourtant, tout en elle bouillonne, chaque interdit bravé lui donne une force inouïe, la force de vouloir changer les choses, de se rebeller. C'est presque ironique car elle est asservie de par sa fertilité et elle puise sa force dans son côté maternelle, par besoin de protéger sa fille.


Outre l'aspect féministe omniprésent, car le point de départ de la série se base sur l'absence de naissance, la manipulation du gouvernement et sa façon de nous imposer des règles sans que le peuple ne se révolte invite à une remise en question de l'époque actuelle. Les lois mises en vigueur aujourd'hui sans rencontrer grandes protestations vont-elles se retourner contre nous dans un avenir proche ? Trop proche..? La République de Gilead est pensée pour le mieux... néanmoins, la fin justifie-t-elle les moyens ?



L'aspect religieux est lui aussi inhérent à la série, si le taux de fertilité est quasi inexistant, c'est parce qu'Il est en colère. Dans les textes religieux, la femme est pécheresse et doit se soumettre, se racheter, prête à l'avilissement. Si les moeurs ont changé, The Handmaid's Tale est là pour nous rappeler  la condition précaire à partir de laquelle le femme a su évoluer et se battre. Psychologiquement, le spectateur se sent confiné, pris au piège, impuissant. Bien au-delà des violences physiques subies, l'impact émotionnel engendré nous tourmente.


The Handmaid's Tale hante longtemps après le visionnage, il faut la déguster pour bien réfléchir à l'épisode vu. C'est une ode à la femme, cette série appelle à la révolte, à l'espoir aussi, à la remise en question, à regarder le passé pour changer l'avenir, et bien sûr, ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure, rester en alerte.

"Blessed be the fruit",
xxx

Karel

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